C’est en observant sa fille métisse se battre contre sa chevelure sans cesse emmêlée que Valérie Contreras, associée et directrice artistique du groupe Addict Paris, a mis au point, il y a quatre ans, une formation pour cheveux texturés. Elle nous en décrypte les grandes lignes.
APPRENDRE À COMPRENDRE
« Les coiffeurs connaissent peu ou mal les cheveux texturés, explique Valérie Contreras. Pour eux, il y a un cheveu afro et basta! Or, rien n’est plus faux. Les premiers instants du cours portent donc sur la compréhension du type de cheveu que l’on a en face de soi. Le follicule pileux d’un cheveu afro produit très peu de sébum, contrairement à celui d’un cheveu européen-asiatique. C’est la raison pour laquelle il faut lui apporter beaucoup plus d’hydratation externe. » Les coiffeurs apprennent aussi à identifier un cheveu afro, un cheveu maghrébin, un cheveu métisse. Ce dernier, qui produit plus de sébum, possède une boucle plus détendue qui va se travailler différemment. Dans le cours, la connaissance du degré de frisure (de 1 à 8) est également abordée. Le coiffeur doit savoir à quel type de boucle il est confronté. « On ne se voile pas la face, avoue-t-elle. Les coiffeurs n’ont jamais appris au CAP ou au BP à travailler un cheveu afro. Ce n’est pas dans le cursus et c’est la raison pour laquelle les formations ont tant de succès. »
SOIGNER
Valérie Conteras enseigne également à apporter une attention toute particulière au type de shampoing et de soins utilisés, qui doivent être riches pour apporter une nutrition intense. Dans ses conseils, elle recommande de ne pas utiliser le sèche-cheveux, mais d’essorer à la serviette, et d’appliquer un sérum ou un soin sans rinçage, ce qui évite de « casser » la boucle. Pour un effet plus lisse, l’option d’un appareil à vapeur est une valeur sûre. « Les jeunes sont plus habitués à ces cheveux ethniques, car ils peuvent avoir des ami(e)s africain(e)s. Ils ont regardé des tutos sur YouTube… Mais l’ancienne génération n’a pas été confrontée à ce monde-là. Or, notre métier a besoin d’évoluer. Chaque client qui entre dans un salon a le droit d’être servi et d’en repartir satisfait, quelle que soit l’origine de son cheveu. »
SCULPTER
Face à un cheveu texturé, il faut donc apprendre de nouveaux gestes: « On ne coupe pas, on sculpte, avertit Valérie Contreras. Le cheveu afro a tendance à rétrécir au contact de l’eau et de l’humidité, un phénomène appelé “shrinkage”. Il faut en tenir compte au moment de la coupe, qu’on va donc travailler à sec, en utilisant un peigne afro à dents larges. On va faire mousser le cheveu en le peignant avec ce peigne afin d’éclater les boucles. » La tondeuse est aussi une option pour ces coupes. La coupe est fonction du type de frisure. « Ce n’est pas inné pour les coiffeurs, précise- t-elle. Ils n’imaginent pas qu’il existe des techniques spécifiques de coupe. »
Martine Carret